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« Hypocrisie et inconscience »: UE-Mercosur, l’accord à risque pour nos agriculteurs

Ce nouvel accord avec les géants de l’Agribusiness sera un coup fatal pour les éleveurs européens ! Sans même parler du respect de nos engagements en matière de climat… Du bœuf contre des voitures. Ainsi peut-on résumer l’accord UE-Mercosur en une phrase. Pour rappel, ce projet consiste à faciliter l’exportation de produits agricoles (le bœuf par exemple) en provenance du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) vers l’Union européenne. En retour, ce Mercosur doit ouvrir le marché sud-américain aux voitures, produits pharmaceutiques, produits laitiers et vins européens. Il doit également autoriser les sociétés européennes à répondre aux appels d’offres publics.

Mais une fois encore, les techniciens de la Commission européenne et les ministres de chaque Etat représentés au Conseil considèrent l’agriculture européenne comme la variable d’ajustement du libre-échange. Et une fois encore, les lobbies industriels, ici en l’occurrence ceux de l’automobile, pèsent plus lourd dans la balance des négociations que les intérêts de nos agriculteurs et de tous les gens liés à leur activité, en ce compris le consommateur.

Hypocrisie et inconscience

Figurez-vous qu’aujourd’hui, le secteur de l’agriculture représente plus de la moitié des exportations du Mercosur vers l’UE. Pourtant, les négociateurs européens semblent prêts à accepter de là-bas 100 000 tonnes supplémentaires de viande de bœuf à destination de notre marché européen déjà saturé, en échange d’un meilleur accès au marché, notamment du Brésil et de l’Argentine, pour les voitures européennes.

Si l’on fait la somme des quotas viande négociés ou en négociation dans les différents accords commerciaux à destination de l’Europe (OMC et Ceta et à venir : Mexique, Mercosur, Nouvelle Zélande, Australie…), la pression sur la filière viande européenne sera absolument intenable.

Les agriculteurs européens ont bien compris ce risque. Ce nouvel accord avec les géants de l’Agribusiness comme le Brésil ou l’Argentine devrait être un coup fatal pour les éleveurs européens ! Et que dire du respect de nos engagements en matière de climat. Nous nous battons pour prôner le circuit court et, en même temps, les négociateurs et nos gouvernements font venir de la viande en masse des quatre coins du monde en risquant la survie de notre propre filière : quelle hypocrisie et quelle inconscience.

Et le respect des normes ?

Des ONG comme Foodwatch et Powershift s’inquiètent également d’un tel accord qui pourrait modifier irrémédiablement la capacité de l’UE à protéger l’environnement, mettant ainsi à mal l’accord de Paris tant défendu par nos chefs d’Etat.

On peut faire le même constat en ce qui concerne notre capacité à protéger nos consommateurs ! Près de 100 % du soja produit au Brésil et en Argentine est génétiquement modifié et 96 % du soja importé en UE est originaire de ces pays qui, par ailleurs, n’ont adopté aucune règle en matière de pesticides comme le glyphosate. C’est aussi un non-sens que nous dénonçons ! A quoi bon établir des normes européennes si les accords commerciaux permettent à nos partenaires de ne pas les respecter !

Ce qu’il faut faire

De plus, pourquoi ne pas prévoir des exceptions agricoles et faire avec le bœuf ce que le Canada a fait avec le lait ? L’Europe est-elle prête à sacrifier le secteur de l’agriculture et sa souveraineté alimentaire sur l’autel des finances ? Nous ne pouvons l’accepter !

En conclusion, cet accord, comme le TTIP jadis, doit être arrêté et reconsidéré pour en faire un réel accord de nouvelle génération.

Nous pourrions et devrions accepter un accord qui prévoit la préservation stratégique de certains secteurs agricoles, le renforcement du respect des normes sociales et environnementales, l’intégration de clauses contre l’évasion fiscale ainsi que des obligations de devoir de vigilance pour les multinationales. A la question « qui nourrira nos villes demain ? » La réponse est simple : nos agriculteurs !

Mais la cohérence s’impose à tous (MR, CdH, NV-A…). Vous ne pouvez pas vous dire défenseurs des agriculteurs et en même temps signer à tour de bras des accords commerciaux qui nuisent aux intérêts de ces mêmes agriculteurs.

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