Madame Ilham, s’est présenté cette semaine au Parlement européen pour accepter au nom de son père le prix Sakharov. Une situation bien difficile pour cette femme courageuse dont le père purge encore une peine d’emprisonnement à perpétuité. Je salue son courage. Je salue le courage de son père.
Comme vous le savez tous, le Parlement européen décerne le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit depuis 1988. Au fil des ans, ce prix est devenu l’expression tangible de notre engagement collectif envers la protection et la promotion des droits de l’homme dans le monde entier, incarnant des individus ou des organisations admirables, qui se battent pour la liberté et la justice, souvent dans des environnements hostiles.
En attribuant ce prix prestigieux, nous mettons en lumière des personnalités et des organisations qui incarnent l’esprit de résistance et de liberté d’Andreï Sakharov.
Nous sommes bien conscients que ce prix médiatise une cause, expose ses lauréats et irrite des autorités qui s’insurgent contre l’ingérence. Le Prix de cette année n’y échappe pas.
Il est donc du devoir du Parlement européen de rester mobilisé pour tous les lauréats qui restent encore privés de liberté et de soutenir ceux qui poursuivent leur noble combat.
L’année 2019 nous aura apporté de bonnes nouvelles avec la libération de deux lauréats. L’avocat Salih Osman, lauréat en 2007, plusieurs fois incarcéré par le régime despotique soudanais, a été enfin libéré en début d’année à la faveur des bouleversements politiques que vit son pays. C’est en homme libre qu’il nous a fait l’amitié de sa présence en commission DROI en octobre dernier.
Il y a tout juste un mois, à notre plus grande satisfaction, nous recevions, ici à Strasbourg, dans cette salle, le cinéaste Ukrainien Oleg Sentsov, lauréat de l’an dernier. Il était là parmi nous, enfin libre après cinq années dans les prisons russes.
Hélas nous avons aussi appris la semaine dernière que Raïf Badawi, Lauréat 2015, a commencé une grève de la faim pour protester contre son transfert en cellule d’isolement avec son avocat Walid Abou-el-Khaïr. Nous appelons les autorités de Riyadh à cesser ce harcèlement et à le libérer immédiatement ainsi que son avocat et les prisonniers d’opinion détenus injustement dans les geôles saoudiennes.
Permettez-moi de rappeler encore Nasreen Sotoudeh, avocate iranienne et co-lauréate 2012, arrêtée de nouveau et condamnée à 38 ans de prison. La sévérité de ce jugement reste incompréhensible et nous le condamnons avec force. Quant à Razan Zeitouneh, co-lauréate 2011 avec d’autres activistes du printemps arabe, jeune avocate et militante syrienne, nous sommes sans nouvelles d’elle depuis bientôt 7 ans !
Nous devons être à la hauteur des combats menés avec courage et détermination par des personnalités exceptionnelles pour ces valeurs humanistes que nous partageons et qui sont au cœur de nos démocraties.
Soyez assurée, chère Madame Jewher Ilham, que ce Prix Sakharov nous liera à vous et au combat de votre père jusqu’à sa libération que nous espérons proche. Comptez sur nous.