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Faut-il démocratiser l’Europe ?

Crise des migrants, crise de l’euro, Brexit … l’Europe connaît aujourd’hui plusieurs bouleversements politiques qui questionnent ses fondements démocratiques et remettent en cause les institutions qui l’incarnent. Ce jeudi 3 mai, à Liège, les eurodéputés belges Marie Arena (PS/S&D) et Philippe Lamberts (Ecolo/Les Verts/ALE) ont débattu de l’enjeu démocratique dans l’Union européenne avec deux experts, le Pr. Quentin Michel du Département de sciences politiques de l’ULg et l’écrivain Grégoire Polet.

« Faut-il démocratiser l’Europe » ?

Cette question, en apparence très simple, est pourtant un enjeu fondamental qu’il est encore aujourd’hui tout à fait nécessaire d’aborder. Ce jeudi 3 mai, devant environ 80 personnes, les eurodéputés Philippe Lamberts et Marie Arena, ainsi que le Professeur Quentin Michel et l’écrivain Grégoire Polet ont mené un débat animé sur le sujet.

«Où vivez-vous le plus de démocratie ? Dans votre commune ? En Belgique ? Dans l’Union européenne ? »

Entamant les discussions par un sondage Sli.do   adressé à l’assemblée, le modérateur, Stephen Boucher a directement pris la température. Verdict : c’est au niveau local que le processus démocratique est le plus visible. Face à ce constat, les invités n’ont pas été surpris. « La visibilité du travail des députés européens est rendue plus compliquée en raison des facteurs de temps et d’espace, et de la médiatisation moins importante des dossiers traités au niveau européen », a expliqué Marie Arena. Ainsi, si les citoyens perçoivent parfois plus difficilement le travail démocratique qui s’exerce dans les institutions européennes, c’est en partie parce que les politiques menées par celles-ci sont moins proches du terreau local, et également parce que la période de traitement de certains dossiers peut durer plusieurs années avant d’aboutir à une législation.

De son côté, Philippe Lamberts, a rappelé que la démocratie, «c’est un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Or, force est de constater qu’il y a quelque chose qui coince dans cette définition. Selon le député Ecolo, la concentration des richesses et les inégalités qui se creusent révèlent une faille dans le critère du « pour le peuple ». Ce manque de démocratie résulte de décisions politiques qui ne s’avèrent pas suffisamment efficaces et qui sont d’abord prises au niveau européen et national, plutôt qu’au niveau communal. Ceci donne une seconde raison au résultat du sondage et au manque de confiance dans le processus démocratique européen ou national.

Le Professeur Quentin Michel a, à son tour, posé une question qui a suscité l’intérêt de ses interlocuteurs : « Les États membres jouent aussi un jeu politique. Ils rejettent souvent les responsabilités sur l’Europe, alors que l’Europe, c’est eux. Ainsi, peut-être que ce n’est pas l’Europe qu’il faudrait réformer, mais plutôt le système politique ? ». Pour le professeur, l’être politique se retrouve de plus en plus éloigné de sa masse. « Il ne représente plus un groupe, mais un système » a-t-il affirmé.

Enfin, Grégoire Polet a questionné l’existence-même de la démocratie. Plutôt que de parler de démocratie, il faudrait évoquer un « processus de démocratisation ». L’écrivain a développé le fait que nous allions « toujours vers un peu plus de démocratie » mais qu’il est également impossible de démocratiser l’Europe sans souhaiter voir « la souveraineté nationale faire un pas de côté ». Pour conclure ce point, Philippe Lamberts a préféré parler d’un « projet de reconquête de souveraineté » pour une démocratisation de l’Europe.

Devant tant d’éléments abordés, le public a vivement réagi en posant des questions aux intervenants, alimentant un débat qui n’a pas fini de concerner les citoyens européens et leurs représentants politiques.

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