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Le scénario manquant pour transformer l’Europe

Aujourd’hui, la promesse de l’unification de l’Europe n’est plus un rempart face à la montée des nationalismes. Soixante ans après la signature des Traités de Rome, il est indéniable que l’Union européenne se trouve à la croisée des chemins.

Pendant que celle-ci se délite à la suite du Brexit, ni les suggestions du Sommet de Versailles sur l’Europe à deux vitesses, ni le Livre Blanc de la Commission n’ont l’ambition de changer la situation actuelle. Face au constat d’échec, la fuite en avant incarnée par un élargissement hâtif, mené sans processus de convergence économique et social se poursuit.

Ces propositions laissent inchangées les règles asymétriques entre les exigences économiques et fiscales et la nécessité d’une convergence sociale et n’ont pas l’ambition de répondre aux enjeux actuels tels que le dumping social et fiscal, la transition écologique ou bien l’intégration des migrants. Ne pas réaffirmer les valeurs fondamentales de solidarité, de démocratie et d’égalité en élaborant des propositions pour changer les règles du jeu, c’est, sans aucun doute, faire un profond déni du processus de désintégration qui a lieu aujourd’hui.

En tant que membres du Parlement européen, provenant de différentes familles politiques progressistes et de différents Etats membres, nous refusons d’abandonner le combat pour changer l’Europe :

1. Parce que nous n’acceptons pas que l’intégration européenne ait été prise en otage par des intérêts privés.

2. Parce que ce qui est en jeu ici, c’est la possibilité pour des millions d’Européens de vivre dans des sociétés démocratiques, justes, unies et durables. Nous devons sortir de l’impasse austéritaire antidémocratique et du néolibéralisme sans entraves.

Les forces progressistes doivent se saisir de ces célébrations comme d’une opportunité pour engager un processus de transformation du projet européen et construire une vision de l’Europe désirable et protectrice. Le livre blanc de la Commission européenne sur le futur de l’Union européenne propose cinq scénarios qui s’articulent autour de la question de « plus ou moins d’Europe» mais passe sous silence le seul scénario dont nous avons besoin: une Europe qui fonctionne et agit en fonction des besoins des peuples et non des intérêts privés. Ce scénario manquant est le seul moyen de regagner la confiance des peuples qui, trop souvent ont le sentiment que l’Europe se construit à côté d’eux et parfois contre eux.

Alors que l’Union a été construite comme un « gouvernement par les règles », il faut la libérer de ses principes austéritaires et libéraux pour élaborer une « Europe des projets ». Parfois perçue comme un instrument technocratique limitant la souveraineté démocratique, l’Union européenne doit endosser la responsabilité que se doit d’avoir une autorité publique. Ce changement de paradigme est la condition pour que l’Europe continue de se réaliser, renforce la justice sociale et la solidarité.

Il nous revient désormais d’avoir suffisamment d’ambition pour tenir nos promesses: le libéralisme à outrance est inefficace, des alternatives existent. Si les progressistes européens n’assument pas une réorientation stratégique et idéologique du projet européen, alors il est certain que tous les nationalismes triompheront. Au contraire, une réorientation concrète et pratique de l’Union européenne pourrait lui permettre de devenir un vecteur puissant de régulation publique dans la mondialisation. Pour ce faire, les forces progressistes et les énergies issues de la société civile doivent se rassembler et cesser d’accentuer leurs divergences entre ceux ralliés à la droite ou ceux qui se cantonnent dans une attitude exclusivement protestataire.

Dès aujourd’hui, nous appelons donc à un plan de relance d’urgence pour l’Europe articulé autour des priorités suivantes :

1. Le combat contre toutes les formes de dumping fiscal et social, la démocratisation et la transparence de la gouvernance européenne

2. Un large plan d’investissement public accompagné d’un plan de transition écologique et énergétique

3. Et enfin, une autre politique commerciale de l’UE qui ne remettre jamais en cause la souveraineté démocratique, le combat écologique et la justice sociale.

Par des députés membres du Progressive Caucus au Parlement européen :

Maria Arena (S&D)
Guillaume Balas (S&D)
Sergio Cofferati (S&D)
Eva Joly (Greens)
Philippe Lamberts (Greens) Florent Marcellesi (Greens)
Curzio Maltese (GUE/NGL) Emmanuel Maurel (S&D)
Dimitrios Papadimoulis (GUE/NGL) Georgi Pirinski (S&D)
Ernest Urtasun (Greens)

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