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Un échange sans réponse avec Mme von der Leyen

Depuis l’annonce par le Conseil européen de la candidature de la ministre allemande Ursula Von der Leyen au poste de la présidence de la Commission européenne, les réactions ont été diverses et nombreuses, pour aboutir in fine ce 16 juillet en séance plénière de Strasbourg à un vote serré de 383 voix en faveur et de 327 voix contre, la majorité étant à 374 voix.

Au sein du groupe des Socialistes et Démocrates, qui avait  reçu la candidate Madame Von der Leyen dans l’objectif de connaître ses priorités politiques, mais aussi de faire valoir ses priorités, les positions ont finalement été très divisées. Même si après une première prestation décevante Madame von  der Leyen s’est rattrapée lors de son discours public en plénière ou elle s’est montrée plus engagée sur les défis européens, toutefois, elle n’a pas réussi à convaincre une partie importante des socio-démocrates.

Pour ma part, je lui ai posé quatre questions lors de notre échange de points de vue :

1. En matière de commerce international : sans grande surprise Ursula von der Leyen se place dans le camp des « libres échangistes » qu’elle oppose sans nuances à celui des protectionnistesOr une étude réalisée par plus de 3000 économistes américains établit que le libre-échange et les accords commerciaux tels que nous les connaissons sont à l’origine d’une grande partie de la problématique écologique.

Comment est-ce que la candidate considère-t-elle ces économistes : protectionnistes, écologistes ? La préoccupation écologique est-elle protectionniste selon elle ? Faut-il continuer à promouvoir les accords de libre-échange sans exigence contraignante assortis de sanctions sur le respect des droits sociaux et environnementaux ?

Je n’ai reçu aucune réponse.

Ursula Von der Leyen avait également ignoré la question posée par un collègue allemand, Bernd Lange, du même ordre : « Êtes-vous prête à faire en sorte que les chapitres portant sur le développement durable contenu dans les accords commerciaux de l’UE soient assortis de sanctions en cas de non- respect des normes sociales et environnementales ? ».

2. En ce qui concerne le pacte de stabilité, Madame von der Leyen soutient la logique actuelle du pacte et la politique d’austérité qu’il entraine. En tant que groupe, nous avons suggéré de transformer le pacte de stabilité en pacte de développement durable. Cette fois-ci, la candidate répond : « je crois en la capacité du semestre européen à remettre les États membres sur le droit chemin ». Or, les recommandations formulées dans le semestre européen visent à diminuer les dépenses publiques, ce qui n’a rien à voir avec ce que le groupe demande.

3. Au niveau de la justice fiscale, j’ai demandé comment elle comptait lutter contre les 1000 milliards d’euros d’évasion fiscale, via l’établissement d’une liste de paradis fiscaux européens ? Via un impôt minimum des sociétés identique pour tous les pays européens ? Là encore, pas de réponse.

4. Enfin, Madame von der Leyen présente son action en matière d’immigration en partant des pays d’origine et en faisant la promotion des investissements dans ces pays. Mais de quels investissements parle-t-elle ? Pour notre groupe, il s’agit de promouvoir des investissements responsables humainement et respectueux de l’environnement. D’où ma question sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains et environnementaux, jusqu’ici bloquée par l’Union européenne aux Nations Unies. Sans surprise, je n’ai pas reçu de réponse à ma question.

Il est vrai que madame Von der Leyen avance certaines choses dans son discours, mais à mon sens elles ne sont pas suffisantes.

Le Parlement européen doit s’imposer davantage face à la logique nationale et intergouvernementale du Conseil et exiger plus du futur plan de travail de la Commission européenne.

C’est le message qui a été donné hier à la future présidente de la Commission, mais c’est aussi le message qui a été donné au Conseil. Bafouer l’instance démocratique qu’est le Parlement Européen n’est pas la solution, si l’objectif annoncé est de rendre l’Europe plus proche des citoyens, plus transparente et plus démocratique.

Je n’ai donc pas voté en faveur de la candidate Ursula Von der Leyen et je continuerai à en exiger plus face aux défis sociaux, environnementaux et fiscaux qui nous attendent pour une Europe plus juste pour tous.