05 Mar «Venezuela: empêchons d’urgence la nouvelle guerre annoncée»
Appel citoyen et pluraliste à faire respecter le droit international après les menaces du président américain Donald Trump d’intervenir militairement au Venezuela.
Le Président Donald Trump a annoncé qu’il n’excluait pas une intervention militaire au Venezuela. La Colombie et le Brésil ont promis leur appui. Mike Pompeo vient d’annoncer que son pays allait « passer à l’action » et que les jours du Président Nicolas Maduro « étaient comptés ». Nous sommes donc face à des menaces d’une nouvelle guerre qui peut enflammer toute la région, alors que l’on connaît bien le bilan désastreux des autres aventures guerrières soi-disant libératrices lancées par les Etats-Unis, avec la complicité de pays européens, en Afghanistan, en Irak, en Libye ou au Moyen-Orient, entre autres.
Pour éviter ce nouveau désastre humain et écologique, et quelles que soient les opinions des uns et des autres sur l’administration du pays par le président Maduro et sur l’état de la démocratie au Venezuela, nous devons tout faire pour préserver la paix en exigeant le respect du droit international.
Des dérives inquiétantes
L’inacceptable embargo économique et financier du Venezuela est accompagné de menaces d’intervention militaire au Venezuela en violation flagrante du droit international. Il n’est pas du ressort des pays tiers – y compris les Etats-Unis et les Etats membres de l’Union européenne – de déterminer qui doit être le Président du Venezuela. Les pays reconnaissent des Etats et non des gouvernements, et le contrôle de l’Etat du Venezuela est clairement exercé par le président Maduro. Les Etats-Unis et l’Europe appuient du reste des gouvernements dont la légitimité est bien plus discutable que celle de M. Maduro. Pensons au Honduras, où la réélection est interdite par la Constitution et où des irrégularités graves ont été constatées par l’OEA lors des dernières élections ; ou au Brésil, où a eu lieu un impeachment express et donc illégal contre Dilma Rousseff, présidente élue, ainsi qu’un procès monté de toutes pièces contre Lula da Silva, pour l’empêcher de se porter candidat à la présidence, alors que les sondages le donnaient gagnant.
Des canaux existent pour réclamer le respect des droits humains et l’amélioration de la démocratie dans les pays tiers. L’Union européenne était engagée dans de tels processus avec le Venezuela, mais sa position commune a été spectaculairement renversée en trois jours (entre le 23 et le 26 janvier 2019) sous l’influence de l’administration du Président Trump et sa reconnaissance aventureuse du député Juan Guaido qui s’est autoproclamé président du Venezuela. Personne de sensé ne peut croire que l’action des Etats-Unis est motivée par une préoccupation sincère pour les droits humains, la démocratie, ou la situation économique et sociale des Vénézuéliens. Les déclarations de M. Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis, prouvent qu’il s’agit avant tout de mettre la main sur les réserves de pétrole, de coltan, d’or et autres métaux rares que renferme le sous-sol de ce pays.
La Colombie, autre cas problématique
La politique de défense des droits humains et de la démocratie de la Belgique et de l’UE ne peut conserver sa crédibilité que si elle ne se traduit pas par une approche à géométrie variable, appliquant deux poids deux mesures. A ce sujet il serait par exemple urgent d’enclencher la clause démocratique pour suspendre l’application provisoire du traité de libre-échange entre l’Union européenne et la Colombie, puisque dans ce pays il y a plus de 80.000 disparus, plus de 8 millions de paysans déplacés, et parce que plus de 400 représentants des mouvements sociaux et 80 anciens guérilleros ont été assassinés depuis la signature des accords de paix entre le gouvernement et les Farc.
Juan Guaido, député du parti le plus extrémiste de la droite, « Volonté populaire », est devenu député à l’Assemblée nationale lors d’élections organisées sous le gouvernement de M. Maduro. Il a ensuite été élu président du Parlement. Mais cela ne fait pas de lui le président du Venezuela. L’article 233 de la Constitution du Venezuela prévoit que le président de l’Assemblée nationale remplace le président de la République dans des cas très précis : en cas d’abandon de fonction, de décès, ou d’incapacité du président constatée par la Cour suprême. Ce n’est pas le cas. Si de telles circonstances devaient survenir, permettant au président de l’Assemblée nationale d’assurer par interim la fonction de chef de l’Etat, M. Guaido devrait obligatoirement convoquer des élections dans les 30 jours, ce qu’il n’a pas fait à la suite de son autoproclamation comme Président.
De nombreuses spoliations
Le gouvernement du Venezuela reconnaît qu’il passe par une situation économique difficile qui affecte gravement le bien-être de la population, et qui est due en grande partie à la chute spectaculaire du prix du pétrole et à l’embargo économique. Le prétexte de l’aide humanitaire ne doit en aucun cas être utilisé – comme le font les Etats-Unis et la Colombie en ce moment – comme moyen pour déstabiliser le gouvernement du pays que l’on prétend aider. Le Comité international de la Croix-Rouge s’est prononcé clairement à ce sujet. Si l’on veut vraiment aider le Venezuela, il faut restituer à ce pays 1,6 milliard d’euros dérobés par la chambre de compensation Euroclear basée à Bruxelles (impliquée aussi dans le vol des fonds libyens), ainsi que 1,2 milliard de dollars en réserves d’or du Venezuela volés par la Banque d’Angleterre au Venezuela, et les plus de 30 milliards de dollars provenant des comptes bancaires et des avoirs de l’Etat du Venezuela et des sociétés vénézuéliennes PDVSA et CITGO qui ont été récemment dérobés par les Etats-Unis.
Nous appelons les démocrates belges et européens de tous bords, à tout mettre en œuvre et à se mobiliser pour éviter cette nouvelle guerre qui serait dévastatrice, en exigeant le respect du droit international et de la souveraineté des Etats, et à exiger que cesse immédiatement l’embargo économique et financier afin de permettre au gouvernement du Venezuela de subvenir rapidement aux besoins urgents de la population.
Retrouvez cet article sur Le Soir et Le Vif
*Signataires
Pierre Galand, ancien sénateur et président du Mouvement de la Paix
Rafael Correa, économiste, ancien président de la République de l’Equateur
Anne Morelli, historienne, Professeure honoraire de l’ULB
Céline Delforge, députée de la Région Bruxelloise (ECOLO)
Alexis Deswaef, avocat au Barreau de Bruxelles et à la CPI, président d’honneur de la Ligue des droits humains
Jean-Marie Dermagne, Avocat, ancien bâtonnier, porte-parole du Syndicat des avocats pour la démocratie
Eric David, professeur émérite de droit international public de l’ULB, président du Centre de droit international de l’ULB
Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral de la FGTB
Nico Cué, dirigeant syndical, candidat à la présidence de la Commission européenne pour le Parti de la Gauche Européenne
Marie Arena, députée européenne (S&D)
Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général CNE
Ludo De Brabander, porte-parole, Vrede vzw
Estelle Ceulemans, secrétaire générale de la FGTB Bruxelles
Claude Rolin, député européen (PPE)
Riccardo Petrella, professeur émérite Université Catholique de Louvain
Marco Van Hees, député fédéral (PTB)
Maité Mola, coprésident du Parti de la Gauche Européenne
Anne-Marie Andrusyszyn, directrice du CEPAG (Centre d’éducation populaire André Genot)
Olivier Bonfond, économiste au CEPAG
Pierre Eyben, conseiller communal (Liège) et porte-parole du Mouvement Demain
Muriel Di Martinelli, secrétaire fédérale CGSP – ALR
Gregory Mauzé, journaliste et politologue, membre de la revue Politique
Franco Carminati et Christine Pagnoulle, pour ATTAC Wallonie Bruxelles
Matthieu de Nanteuil, professeur à l’Université Catholique de Louvain (UCL)
Bernard Duterme, secrétaire général du Cetri
Rudy Janssens, secrétaire général de la CGSP-Bruxelles
Yannick Bovy, journaliste-réalisateur
Ronnie Ramirez, réalisateur de cinéma, Zin-TV
Joaldo Dominguez, journaliste vénézuélien et chercheur en sciences politiques ULB
Guido De Schrijver, Réseau des Comités Oscar Romero
Marie France Deprez, Festival du Cinéma d’Attac
Eric Toussaint, docteur en sciences politiques (Université de Liège et Paris VIII), militant internationaliste »
Nicole Tonneau, cinéaste
Olivier Renard, coordinateur CGSP Bxl – Gazelco
Pol D’Huyvetter, member Ican – International Campaign to Abolish Nuclear weapons
Jean-Claude Englebert, ancien Premier échevin de la Commune de Forest
Pierre Vermeire, journaliste, syndicaliste FGTB
Josy Dubié, ex-journaliste RTBF, sénateur honoraire (Ecolo)
Alain Adriaens, député régional honoraire, porte-parole des objecteurs de croissance.
Marleen Bosmans, vakbondsafgevaardigde ACOD-AMiO
Baudouin-Luc Bolssens, Rom en Rom ASBL
Paula Andrea Polanco, présidente d’INTAL
Laurent Dery, syndicaliste FGTB-CGSP-Bruxelles.
Claudine Pôlet, citoyenne, militante du Comité Surveillance Otan
Ralph Coeckelberghs, ancien secrétaire général des ASBL de Solidarité Socialiste
Kurt Sissau, federale secretaris ACOD/CGSP AMiO
Michèle Dehaen, militante syndicale CGSP/ALR-BRU
Laurent Lardinois, secrétaire régional CGSP Amio Irb…
Jorge Magasich, historien, professeur à l’IHECS
Jean Van Hees, ASBL Dialogue des Peuples
Isabelle Vanbrabant, présidente Cubanismo.be
Robert Tangre, président, Secours populaire Wallonie-Bruxelles
Belén Omaira Torres Cardenas, colombo-belge, défenseure des Droits Humains
Alain Ruscio, écrivain et historien
Bruno Drwesky, professeur de l’Inalco (Université de Paris-Sorbonne)
Jean Flinker, responsable d’Attac-Bruxelles
Paul-Emile Dupret, juriste, membre du Collectif Venezuela 13 Avril et du Comité pour les droits humains « Daniel Gillard »
Vladimir Caller, rédacteur en chef du Drapeau Rouge
Jean-Jacques Heirwegh, professeur d’histoire émérite à l’ULB
Luc Verton, directeur des éditions Memogrames
Jean Pierre Michiels, ancien conseiller communal à La Louvière, président du Club Achille Chavée
Marie-José Body, militante syndicale CGSP
Isabelle Verhaegen, juriste
Marie-Jeanne Jouan-Dalgalian, Attac Bruxelles
Michel Collon, journaliste, Investg’action
Marie-Françoise Cordemans, enseignante
Thierry Delforge, citoyen
Valérie Demeulemeester, déléguée syndicale
Paulette Keutgen, citoyenne
Manuel Versaen, enseignant
Julie Jaroszewski, metteuse en scène, autrice et chanteuse.
Vincent Engel, professeur UCLouvain et écrivain
Manuel Narvaez Corrales, réfugié colombien, ouvrier et musicien
Daniel Apelbaum, citoyen
Frédéric Delorca, essayiste
Monique Lermusiaux, militante pensionnée CGSP-ALR
Robin Delobel, journaliste CADTM
Andrea Nève, citoyenne
Georges Pierseaux, citoyen
Christine Pauporté, ASBL Le Moteur des Cent Sans
Pierre Gehain, citoyen
Christelle Verlsuys, membre de la Ligue des Droits Humains
Anne Toussaint, citoyenne
Veronica Grondona, citoyenne argentine résidant en Belgique
Parlo Boron, citoyen chilien résidant en Belgique
Colette Sancy, citoyenne
Daniele Comberiati, citoyenne
Claudio Guthman, citoyen franco-argentin résidant en Belgique
Amandine Bach, ciotyenne française résidant en Belgique
Jocelyne Urbain, citoyenne
Yves Pierseaux, chercheur à l’ULB
Irene Zeilinger, sociologue et féministe
Philippe Buchet, militant syndical FGTB
Jean-Claude Cols, citoyen
Valérie Bada, citoyenne
Raymond Saublains, citoyen
Ivan Markoff, citoyen
Eva Betavatzi, membre du CADTM et de l’Initiative de Solidarité avec la Grèce qui Résiste